Sceptiques

Carte d'idendité

Prénom : Néréide
Âge : 29 ans
Date de naissance : 30 décembre 1961
Lieu de naissance : Aux Sables d'Opale, une petite ville littorale aux abords de la station balnéaire. Sur l'Arche du Pôle.
Statut civil : Fiancée.
Occupation : Écrivaine. Jusqu'au retour des Persuasifs au sein de la Citacielle, elle était connue sous le pseudonyme d'Opale. Désormais qu'elle est anoblie, elle endosse également le rôle d'émissaire de son clan auprès de Farouk.

Caractère : Fière • Maternelle • Résiliente • Érudite • Éloquente • Protectrice
Mélancolique • Sensible • Désordonnée • Rancunière • Impitoyable • Secrète

Histoire

I. Le clan brisé
Tu es issue d'un clan déchu. Brisé. Détesté. Un clan qui inspire la crainte et la fascination. Qui séduit autant qu'il détruit. Tu es née Persuasive.

Tu es la première née. Dans tes veines, le venin du don familial coule librement. Puissamment. Il y aura d'autres enfants après toi. Deux ne survivront pas. Puis ton petit frère auquel tu avais si peur de t'attacher, avec ton coeur malmené de trop de deuil, grandira. Il deviendra rapidement ton protégé, ton frère adoré. Celui pour qui ton coeur pulse chaque battement. Il sera ta fierté, toi qui n'avait besoin de personne pour te gorger d'orgueil. Et de fierté il se réinventera meilleur ami. Allié. Vous vous comprendrez d'un regard. Vous partagerez mille secrets. Pour lui, tu ne le sais pas encore, mais tu trahiras tes principes.

II. Le prix des illusions
La maison familiale est sublime, aux yeux de tous. Aux yeux des tiens, aussi, tant que les illusions perdurent. La demeure secondaire de ton ancêtre. Le dernier Persuasif à avoir intégré la cour de Farouk. Petite, tu as appris à parler de lui du bout des lèvres. Enlil. Son nom résonne d'une fierté bafouée, d'un honneur entaché. Mais la légende est forte. Le Conseiller Suprême de Farouk, ils t’ont raconté. Celui-là même qui aurait usé de son pouvoir sur le Grand Conseil afin d'influencer le retour des Invisibles à la Citacielle. Si l'histoire dit vrai, si votre triste passé ne résulte d’aucune ruse de la noblesse pour destituer les tiens, la faute de votre disgrâce reposerait sur ses épaules.

Ils sont peu à vouloir approcher ta demeure. Mais les Mirages sont cupides et traîtres, et leurs intentions sont perfides. Tu apprends très tôt à les connaître, Néréide. Chez-toi, on les surnomme les Fausseurs, dans l'ombre des confidences, au coeur de vos médisances. Les maîtres des Illusions défilent de temps à autre au sein de votre manoir. Ils font naître des lueurs incroyables sur les verrières fragiles et craquelées. Ils effacent toute trace de votre infortune contre une richesse illusoire, rappelant à quiconque vous visite la noblesse qui a déjà été vôtre. Il couvre le désespoir de votre décor de parcelles de nacre et de nuances d’or. Ton père n'a jamais hésité à user de son pouvoir en échange de ces petites illusions. Ton père te déçoit à chacun de ces échanges, usant de son don comme d'un poison. Dissimulant des vérités sous ses persuasions, camouflant les bassesses et rehaussant les réputations des autres contre des illusions si simples, si insignifiantes, devant la grandeur de votre pouvoir. L’amertume et la honte parasiteront tes pensées, mais tu te feras la promesse qu’un jour, les Mirages payeront le prix fort.

Lorsque ton père s’est fait trop vieux pour continuer de moyenner les apparences de votre famille, c’est toi qui es devenue la dame de la maisonnée. Tu étais la plus âgée. Tu étais la plus douée. Une précieuse Mirage est venue dans ta demeure aux milles craquelures. Elle jugeait ; tu ressens encore ta fierté malmenée devant son nez relevé et ses airs écœurés. C’était toujours eux qui vous approchaient, daignant redorer votre décor lorsqu’ils avaient besoin de vous. Cette fois-là, précisément, tu t’en souviens encore, Néréide. La requête immonde, la demande nauséabonde. Un bâtard assassiné. La demande évidente de protéger la réputation et l’honneur de son époux, de camoufler la monstruosité qu’elle avait osé. Contre la joliesse d’une demeure. Elle te croyait jeune et naïve, mais c’était un leurre. Tu as demandé plus. Tu as exigé plus. Tu as obtenu plus. Ton frère est parti pour Babel, cette fois-là, avec suffisamment de pièces pour y intégrer l’Académie. Même étranger, son sort sera favorable là-bas. Ton frère si brillant. Ton frère si précieux. Pour lui, tu t’es souillée, Néréide. Tu as mêlé ta voix à la mort d’un enfant.

III. La dame d'Opale
Tu as toujours aimé les mots. Ta maîtrise de ton pouvoir le prouve sans doute, d’une certaine manière. Mais si tu ne désirais pas gagner ta vie avec celui-ci, bien trop consciente de la crainte qu’il inspirait, tu as néanmoins choisi les mots pour gagner ta vie. Écrire. Tu écris depuis toujours. Depuis petite, dans tes premières nouvelles maladroites, puis adolescente, dans ta poésie enflammée. Lorsque tu as été en âge de le faire, lorsque ta maîtrise créative a été suffisante, tu as publié un recueil d’une dizaine d’histoires sous un pseudonyme. Ton frère l’a choisi pour toi, gardien de tes secrets. Puisque les Sables d’Opale t’avaient vu naître, il lui semblait approprié que ce soit l’Opale qui te représente. C'est sous ce nom de plume qu'ils te connaitront. Opale. La dame d'Opale.

Depuis la station balnéaire où tu résidais, tu entendais les rumeurs quant à l’identité de cette Opale et de ses recueils de contes qui se multipliaient. Prisée à la Citacielle, elle inspirait un certain respect. Plusieurs s’imaginaient un homme influent qui n’assumait pas cette carrière. D’autres croyaient plutôt qu’il était question d’un étranger venu s’installer au Pôle. Toutes les théories vous amusaient, ton frère et toi. Aux yeux de tous, tu étais l’une des lectrices attitrées au sanatorium. Tu lisais tes propres mots aux malades, allégeant leur séjour d’une diversion bienvenue. Ta voix était appréciée. La voix d’une Persuasive.

IV. Le coeur impavide
Ils ne vous appréciaient pas aux Sables d'Opale. Parce que Farouk avait cessé de vous aimer. Tu as appris à vivre entre deux mondes. Celui dans lequel tes parents te berçaient, façonné des légendes de tes ancêtres, de leur grandeur perdue, de leur lustre d'antan. Celui du reste du Pôle où tu étais une bannie. Ce monde violent où tous savaient ta faute, celle de tes ancêtres devenue tienne. Alors tu as appris, Néréide, à maintenir ton port altier, à sembler indifférente aux murmures sur ton passage et aux regards appuyés. Tes larmes et ton marasme, tu les dévoilais seulement dans l'intimité. Il ne s'agissait pas de cruauté, seulement de méfiance et de distance.

Mais ils n’étaient pas tous ainsi. Certains se permettaient une amitié avec une Persuasive. Peu nombreux, mais assez pour que ton coeur soit comblé. Plusieurs sans-pouvoir ont pu se targuer de posséder ton amitié et ta loyauté. Puis des Narcotiques qui œuvraient pour le sanatorium, eux aussi, à veiller sur le sommeil des malades. Quelques-uns de ces bannis ont trouvé une place précieuse dans ton coeur, dont ton fiancé. Il ne sera pas le dernier à tenir ce rôle pour toi, l’avenir te le prouvera. Tu n’as jamais senti pour lui les palpitations des premiers émois. Ton coeur ne s’est jamais emballé à sa vue. Mais tu avais pour lui et son incroyable bonté un respect infini. À défaut de savoir se faire aimer de toi, il parvenait à te faire rêver. Toi la soeur abandonnée, la dame de la maisonnée trop vite nommée, l’ancienne noble désargentée. Petite Néréide au coeur impavide. Lors de vos rencontres discrètes, il insufflait à ton esprit les rêves les plus doux, les rêves les plus fous. Lorsqu’il contracta à son tour l’une des formes les plus agressives de tuberculose du Pôle, tu as pleuré pour lui.

Son état ne s’est jamais amélioré. Malgré tes suppliques, malgré ta présence, malgré les contes que tu n’écrivais que pour lui jour et nuit; il dépérissait. Le voir ainsi, cet homme mature, cet homme fort, désormais allongé comme un vieillard, affaibli, te torturait, Néréide. Les soigneurs étaient formels. Il fallait seulement patienter la fin, désormais, et rendre son départ confortable. Alors il t’a suppliée. Il t’a demandé l’innommable. Et tu n’as pas su le lui refuser.

- Meurs.

Un murmure doux comme le miel, de tes lèvres porteuses de fiel. Tu as répété cette syllabe encore, et encore, et encore. Meurs. Un appel à tout ce que tu refoulais. Un appel chuchoté comme un cri long de deux siècles. Un cri à ton aïeul. À ta lignée. À ton sang. Un simple murmure, pourtant, qui délivrait enfin ton don, qui te faisait vibrer jusqu'au bout de ton âme. Meurs, que tu lui as suggéré. Et il a enfin fermé les yeux, sa main sur la tienne, persuadé de la véridicité de ton verbe. Subjugué par ta verve.

Tu avais vingt-quatre ans. Tes fiançailles s’étaient brisées par le départ de ton promis. Vingt-quatre ans, issue d’un clan banni, d’un clan maudit. Mais ce que t’avait légué ton fiancé, par son trépa précipité, te permettrait au moins de survivre loin de la misère pour plusieurs années.

V. Naveen
C'est au sanatorium de la station balnéaire que tu l'as croisé. Tu y allais régulièrement pour les malades, les plus nécessiteux que toi. Dans leur misère, ils voyaient en tes contes et tes lectures un peu de lumière. Il était accompagné de sa famille, mais dans les souvenirs que tu en garderas, il te semblera seul. Naveen. Enfant précieux du clan de la Toile. Tu avais été happé par ses yeux noirs, par la douceur et la bonté qui émanaient de son port altier, de ses traits racés. Une chaleur sur chaque parcelle de ta peau, lorsqu'il était à ta rencontre. Lorsqu'il s'était intéressé à toi. Et tandis que tu croyais que ton pouvoir banni le repousserait, Naveen multipliait les attentions à chacune de ses visites. Puis à chacun des rendez-vous qu'il te proposait, qui se multipliaient, alors que vos cœurs s'enfiévraient de concert. Tu avais repoussé si fort le premier d'entre eux, te méfiant malgré ton coeur qui battait la chamade en toi. Les gens du Pôle pouvaient être si cruels avec vous. Se moquer de, de tes sentiments, de ta candeur. De tes scénarios les pires, Naveen dissipait tes craintes et faisait naître quelque chose de bien plus doux. De plus précieux. Il faisait naître en toi un amour sauvage et passionné.

Bercée par la douceur de la houle, par le chuchotement des vagues sur la berge, tu t'es donnée à lui pour la première fois. Ton cœur voulait se dérober de ta poitrine pour aller battre contre le sien, tellement c'était doux, tellement c'était bon. Une communion parfaite entre vos âmes énamourées. Tu savais qu'il avait le pouvoir de te détruire. De te laisser derrière sans promesse d'avenir. Un bâtard sur les bras, peut-être, même. Mais dans ta déraison, une lueur d'oraison ; les instants volés à ses côtés valaient infiniment plus qu'une vie sans lui.

Il t'a aimée, Néréide, comme il n'était plus possible d'aimer. Il t'a aimée comme les personnages de tes contes le faisaient. Sans calcul. Sans réserve. Aimer de tout son coeur. Et tes sentiments pour lui valaient les siens. Tu l'aimais comme on aimait le Pôle. À travers les déserts de glace, au-delà des illusions. Le brasier qu'il avait avivé en toi ne connaissait aucun répit. Ne connaît encore aucun répit. Une idylle d'adolescents, entre le torrent des sentiments et les tourments.

Lorsqu'il t'a murmuré de l'épouser, ses lèvres contre ton cou, tu n'as pas su t'empêcher de rire. De bonheur, bien sûr, car ta joie était entière. Mais d'incompréhension aussi. Tu as dit non, le coeur à l'envers, en lui expliquant que tu l'aimais trop pour lui faire subir ton déshonneur. Il a insisté. Et ses lèvres aussi. Puis tu as dit oui. Oui Naveen. Tu lui parlais de mariage secret, de romantisme, mais lui t'as simplement demandé d'être patiente. Que quelque chose arrivait, que tout s'expliquerait. En attendant la lumière, vous étiez les fiancés de l'ombre.

VI. Le pardon
Naveen ne t’avait pas menti. Peu de temps après sa demande, tu recevais une convocation officielle à la Citacielle. Farouk exigeait votre présence, à toi et ton clan entier. Le jour venu, entourée des tiens, tu t’es présenté dans cette tour aussi effroyable que sublime qui deviendrait bientôt ton quotidien. Lorsque les portes se sont ouvertes, tu ne croyais pas la beauté qui se dévoilait devant tes yeux. Les illusions perceptibles sur le Pôle étaient chatoyantes, mais celles de la Citacielle - et plus encore celles de la Tour de Farouk - sublimaient les regards et l’imaginaire.

Une horde de nobles aux tenues flamboyantes se sont tournés vers vous dans un silence pesant. Peut-être pour mieux entendre le moindre de vos murmures, t’étais-tu dit, l’esprit aiguisé malgré les illusions déployées. L’intendance du seigneur Farouk vous ont souhaité la bienvenue avec déférence, et tu croyais à une étrange comédie, une mise en scène exquise où tous connaissaient leur rôle sauf les tiens. Puis Farouk a parlé. Puis Farouk a exigé.

Son pardon.
Le retour des tiens à la Citacielle.
Les demeures qui vous attendaient.

Et ce grand seigneur que tous redoutaient, et ce grand seigneur vers qui tu t’étais inclinée si bassement, s’est levé et a déserté la scène. Ennuyé. Un regard vers toi, à peine marqué. Ce sont les membres de l’intendance qui ont dirigé le reste de la convocation. Ce sont eux qui ont expliqué la contrepartie de cette générosité bienvenue. Contre le pardon de Farouk, vous devrez tuer les Bêtes car la famine menaçait le Pôle. Trop de Dragons étaient tombés.

Le silence qui pesait contre vous s’est alors résorbé. Toute la noblesse présente chuchotait déjà son mécontentement et ses inquiétudes. Vous n’aurez pas quitté la tour de Farouk que déjà la Citacielle entière ne parlera que de ça : le retour d’un clan déchu. Le retour des Persuasifs. Une multitude de Mirages ayant paradé en ta triste demeure courberaient bientôt l'échine devant toi, trop conscients du pouvoir que tu avais sur eux. Trop conscients des petits secrets que tu connaissais. Et tandis que les tiens se regroupaient dans les spacieuses demeures qui vous étaient offertes, toi, tu retrouvais Naveen à l’ombre des regards.

VII. Les Arches disparues
Depuis deux semaines déjà tu ne dors plus. Tu ne manges plus. Tes pas te mènent d'un jardin à un autre de cette tour sans fin sans t’épuiser assez pour te permettre un peu de sommeil. Sans te distraire suffisamment. Tu patientes des nouvelles de ton frère, ton précieux puîné, toujours exilé sur cette Arche lointaine. Babel. Toi qui t'étais humiliée à user à mal ton pouvoir familial. Toi qui avait négocié le départ de ton petit frère contre des bassesses indignes de ta personne. Toi qui depuis deux semaines n’avais aucune nouvelle de lui, porté disparu à l’instar de son Arche d’adoption.

Alors tu as enfilé tes plus doux atours, Néréide. Belle comme les Sables d'Opale qui t'ont vu naître. Tu as demandé une convocation auprès de Farouk. Auprès de ton Esprit de Famille qui avait accepté de t'accorder son pardon. Émissaire des Persuasifs, nommée depuis ton arrivée à la Citacielle, tu parlais au nom de ton clan entier. Tu parlais en ton nom propre aussi. Tu t'étais inclinée devant lui avec déférence. Plus bas que terre, Néréide, ta nuque offerte à ses yeux acérés.

Je suis Néréide, émissaire des Persuasif, et je m'incline devant vous, seigneur Farouk. J'ai obtenu votre pardon, et j'implore désormais votre miséricorde pour vos enfants exilés. Ceux qui ont sombré sur les Arches Disparues. J'implore votre clémence et prie votre mansuétude. Mon frère se trouve là-bas. Mais plein de frères, de sœurs, d'enfants et de parents du Pôle partagent ce destin. Puis-je espérer une lueur salvatrice, Farouk? Puis-je croire à une étincelle d'espoir dans ma nuit noire et pleine de terreurs?

Un chapitre se terminait ici.
Un autre débutait ici.

Pseudo

Prénom : mouette moqueuse
Âge : Beaucoup!
Pronom(s) : elle/she/her
Comment connais-tu le forum? Depuis mon armoire, je me dédouble
Commentaires : J'aime si fort le concept du forum

Compléments

Avatar : Golshifteh Farahan
Crédits : Avatar : frenchandfurious • Icon : mouette moqueuse
Sujets sensibles à éviter : Cruauté animale, violence extrême